Giuseppe Abbati (1836-1868) - peintre

Giuseppe Abbati (1836-1868) est un peintre italien né à Naples, et qui a rejoint à Florence le mouvement des Macchiaioli, un cercle de peintres qui revendiquaient leur attachement au vérisme. Ces peintres accordaient beaucoup d'importance au paysage. Chez Abbati, on peut rencontrer deux tendances très nettes: ou bien il s'intéresse aux contrastes et aux ombres (dans ce cas, il n'hésite pas à employer le jaune pour peindre la luminosité propre à la Toscane) ou bien il peint une nature un peu terne, des paysages très humbles, voire quelque peu dépouillés, et, dans ce cas, il travaille avec une ou deux couleurs prédominantes: le brun, l'olive, le terreux, parfois des bleus et des verts, souvent très pâles.   

Abbati est sans doute celui des Macchiaioli qui peint le plus froidement la nature, une nature indifférente à l'homme, qui s'étire dans des horizontales sans fin où l'esprit se perd et où le regard demeure comme embuée. Abbati propose un spleen bucolique où toute passion humaine se dissoud.

Là où, chez son père, Vincenzo Abbati, la verticalité entrainait l'esprit vers le mystère et l'élevait au sentiment du divin, Giuseppe peint le morne infini de l'horizontalité, un infini qui ne s'adresse pas à l'homme mais qui le condamne à sa demeure terrestre.

Même les paysages de bords de mer sont extrêmement dépouillés, la mer n'y étant pratiquement jamais bleue ou tout au mieux d'un bleu délavé. Peinture vériste? Ou tristesse du regard d'un artiste au destin si particulier...

Giuseppe Abbati a participé à plusieurs campagnes militaires. Lors de l'une d'entre elles, en 1860, il perdra un oeil à l'âge de 24 ans mais se montrera de nouveau volontaire pour partir au combat et rejoindre les prestigieux Bersagliere en 1866...

En définitive, cet homme héroîque est mort très jeune, en 1866, deux ans seulement après la mort de son père, cependant il n'est pas mort sur le champs de bataille mais à l'hôpital, agonisant pour avoir contracté la rage suite à une morsure de son propre chien.

Mais avant cela, il avait eu le temps de nous dire ce que la peinture représentait pour lui: la liberté d'ouvrir une fenêtre sur le monde. Abbati a sans doute cru à cette fenêtre que lui procurait son art, à cette lumière, à la possibilité du regard, cependant, son oeuvre semble vouloir nous dire qu'il n'a jamais rien vu derrière cette fenêtre qui puisse s'accorder à ses désirs ou seulement être en capacité de les faire naître. Le vérisme d'Abbati n'a t-il pas eu le tort de ne se contenter que d'ouvrir la fenêtre?