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John White Alexander (1856-1915) -peintre

 

Poème d'Anneh Cerola

 

Entre Songe et Or

Immobile devant son armoire
Aux portes, de belles sculptures ornées
Elle laisse son regard dériver

Sur les plis et les couleurs...
Qui remplissent ses yeux rêveurs
De douces songeries

Brocards et dentelles
La peau de la demoiselle
Se pare d'étoffes sensuelles

Une robe pour un jour
Une robe pour un soir
Une robe pour une nuit

Sa main glisse et s'égare
Sur les plis de ses pensées
Rugueuses broderies
Doucereuses soieries

Elle se penche pensive
Hésite sur le coloris
À quoi pense-t-elle
Au milieu de ses draperies

Aux doigts qui l'effleureront
Aux yeux qui les caresseront
Sur un coup de tête
Son coeur s'apprête

Elle optera pour le jaune flamboyant
Éclats d'or pour un amour naissant
Espoir diffus et confus dans le corps de femme
Comment assouvir cette brûlante flamme

Dans la chevelure déliée
Elle rêve de doigts entrelacés
Sur les pages des livres étalés
Gambade son imaginaire insensé

Elle s'est glissée dans sa robe
Parure ou armure qu'elle arbore
Un masque, un uniforme
Qui épouse étroitement ses formes

11/09/2017

**********************

Toute robe naît à travers la lumière de celle qui la porte. La beauté est une surprise, un sortilège, un envoûtement que le regard ne parvient pas à effacer.

Une aura magnétique, une géométrie vivante de courbes et de symétries, un entrelacs de fibres, de tissus et de textures, donnent grâce et volupté aux ondulations du corps. La lumière, prise au piège des couleurs et des contrastes, dévoile les tonalités de l'âme dans l'arc-en-ciel des joies et des peines.

Chaque robe dit ce qui est possible et ce qui est impossible. Elle exprime la liberté ou les contraintes de celle qu'elle habille. La robe laisse entrevoir la beauté, les rêves et les drames. Elle dévoile la personnalité et rappelle les conventions.  

La robe tient à distance et séduit. Elle cache et elle annonce. En elle, tout est danse et élancement. La robe est le mouvement du corps s'emparant de l'imagination.

Ses draperies et replis innombrables perdent le regard dans une errance que contrebalancent la politesse et la bienséance, tandis que ses longueurs étoffées et ses atours soyeux charment l'esprit d'une éternelle et poétique élégance.

La robe donne prestance et prête caractère à chacune. Certaines robes soutiennent et affirment la force d'une personnalité, tandis que d'autres soulignent les qualités de l'âme ou se font simplement charmantes afin d'avouer la timidité et le manque d'assurance de la jeunesse.

La robe sera dominatrice ou soumise, incitatrice ou pudique, mais la plus belle sera simple et libre comme le hasard d'une rencontre.  

Dans le sillage d'une robe simple et charmante s'évanouit lentement un peu de la liberté qui nous a été permise. La robe est une entrevue, un aperçu, une rencontre éphémère.

Les robes sont faites de l'étoffe de nos songes: elles laissent derrière elles le souffle léger de leur impalpable présence.

John White Alexander (1856-1915) -peintre

Majestueuse dans son silence, elle lit, une main posée sur la page, l'autre sur l'étoffe. Les mains touchent la présence. Le regard lui-même semble tactile. Le velours de la robe accompagne la paix de l'âme. Le corps et l'esprit respirent imperceptiblement d'un souffle naturel et léger. Une seconde peau, protectrice et maternelle, ample et douce, vient caresser l'âme et les sens de notre liseuse.

La jeune femme est lovée en sa robe d'herbes, comme l'âme en son corps apaisé. Le vêtement, tendre compagnon, drape le corps d'une intemporelle félicité. La lecture touche l'âme du bout des yeux pendant que la robe frôle à peine le corps. La pensée et le corps murmurent leur quiétude. Les étoffes caressent les mots doux de l'âme. La robe a l'intimité d'une lecture secrète. L'Esprit ressent la présence que l'œil contemple.

John White Alexander (1856-1915) -peintre

La robe est docile et alanguie. Elle esquisse et prolonge le corps de la femme. La robe se donne pour excuser celle qui la porte.

En elle, tout est perdition. 

Avec nos yeux, elle envahit tout l'espace et s'égare dans notre imagination. Avec notre main, elle se fraie un passage en touchant ses longueurs et ses plis labyrinthiques. Avec l'oreille... elle entend tout ce qui frôle et caresse. 

La robe frémit et chuchote dans le froufrou voluptueux du gémissement des tissus.    

 

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Tag(s) : #Peinture, #Poésie
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