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Alenza y Nieto (1807-1845) -peintre

Léonardo Alenza y Nieto est un peintre espagnol qui revendique l'influence de Goya et qui s'inscrit dans le mouvement artistique du Costumbrismo, mouvement qui connaîtra un développement important non seulement en peinture mais surtout dans toute la littérature hispanique. Bien que naissant au cœur du romantisme, le Costumbrismo est d'abord un réalisme de moeurs qui s'attache à décrire l'humanité dans ses différentes formes de vies sociales et quotidiennes, un réalisme qui toutefois laisse le plus souvent le spectateur ou le lecteur libre de tout jugement. Il s'agit donc d'un romantisme qui fait le choix de présenter l'homme d'abord comme un être social attaché à ses traditions, à sa terre, à ses coutumes, à ses lieux de vie et de travail, à ses proches, à ses origines. Pour les artistes du Costumbrismo, c'est le groupe humain et le tissu de ses habitudes qui fait l'homme et qui le préserve de lui-même, de ses errements, et en particulier du désenchantement du monde et des excès du romantisme lorsqu'il touche au nihilisme. Donc, non pas un romantisme de l'intériorité, de ses affres et de ses excès, mais un romantisme du lien humain dans la vie simple et soudée d'une communauté de mœurs.

Quoi de plus ridicule en effet et de plus décriée que la vanité humaine sous toutes ses formes? Et parmi toutes ces vanités celles qui font le mieux apparaître le profond manque d'humilité de l'homme ne sont-elles pas la vanité du refus de la finitude et celle de l'amour qui souffre?

Merveilleuse et salvatrice ironie de cette satire du suicide devant la vanité de la vie; vanité devant la vanité elle-même! Sous prétexte que nous sommes des êtres mortels et que la vie ne peut avoir d'autre sens que celui que nous lui donnons, il y aurait comme une supériorité humaine à vouloir la renier, la rejeter et la fuir! La vie ne pouvant satisfaire ni le désir humain ni sa soif d'immortalité, nulle parole ni regard n'étant en capacité de réconforter l'homme à jamais orphelin de la divinité, il y aurait une noblesse, une fierté et une liberté à décider de sa propre mort, puisqu'en outre, nous n'avons pas choisi la condamnation d'être né et d'avoir à mourir. Ô vanité des vanités, de ne pouvoir accepter ce qui est, non parce que la souffrance physique est insupportable (là où, peut-être, tout se justifie dans l'intériorité de chacun) mais parce que la souffrance métaphysique serait à la mesure de notre ego! Quel dieu minuscule que cet être humain incapable de se soumettre à la vie elle-même et toujours prêt à sombrer dans le ridicule en refusant l'inéluctable. Et oui, il s'agit bien dans le suicide romantique de sauter de la hauteur risible du petit promontoire de son ego, en y mettant tout le théâtre intérieur nécessaire au spectacle de soi, s'enivrant du vertige d'une bourrasque métaphysique dont seul l'esprit humain est capable: non pas le dieu fait homme, mais l'homme se prenant pour dieu et le reniant dans une même caricature.  

Vanité encore de cet amour qui ne semble exister que de la souffrance de son ignoble chantage. Mourir pour l'être aimé qui se refuse: voilà bien une preuve d'amour qui vaut son pesant d'égo! Pourquoi excéder encore le sens de la vie telle qu'elle vient et forcer ce qui ne peut l'être? Dire "ma vie vaut moins que mon amour pour toi", c'est abaisser l'amour au rang du caprice le plus narcissique, c'est faire injure à l'être aimé qui ne demande rien de tout cela, c'est le prendre en otage. Werther n'a pas compris que l'on ne peut aimer l'autre que libre et que seul ce que l'autre nous donne librement est digne de notre amour.  

Vivre la vie et le lien humain tel qui se fait, ne pas faire de son insatisfaction le centre de gravité du monde, ne rien forcer de ce qui ne se présente pas naturellement et librement. 

Costumbrismo: la vie, l'amour et la mort ne sauraient porter des vêtements trop prétentieux. 

 

      

Alenza y Nieto (1807-1845) -peintre

Tag(s) : #Philosophie, #Peinture
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