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Jehann d'Alcy (1865-1956)

Jehann d'Alcy (1865-1956)

Morphée et Eros sont incontestablement les deux divinités à l'oeuvre dans l'art cinématographique. Le cinéma comme surgissement, vie et mort des formes (Morphée est la déesse qui permet aux formes humaines d'apparaître dans nos rêves), le cinéma comme images-mouvements des désirs qui s'accordent ou non à nos rêves, à nos fantasmes, à nos cauchemars. Eros met la pensée en mouvement -car le film est essentiellement dévoilement et rencontre- Thanatos fixant la limite nécessaire au rêve et à la vie des formes tandis que Chronos, Kairos et Aïon disent la durée, le rythme et l'instant. 

Georges Méliès fut le premier à comprendre la proximité du rêve et du cinéma, et avant même que la psychanalyse ne parle du rêve en tant que "scène de l'inconscient" (Freud), Méliès a déjà l'intuition que le cinéma est la scène de toutes les illusions. Le cinéma, quoi qu'il montre, est comme un rêve éveillé, il rêve pour nous, et à ce titre, il n'est pas excessif de prétendre que Méliès est un lointain précurseur de Lynch.

Le Cauchemar (1896)https://youtu.be/P4QF9oEqXzQ

Lorsque Eros est absent d'un film, il est tout de même révélé par le nitrate d'argent comme le soleil noir de son absence. Eros est le dieu dont le cinéma nous révèle la cruelle absence ou au contraire son insoutenable présence. Et l'on pourrait mesurer l'intensité d'un film à celle de la présence fluctuante d'Eros, à son attente, à ses flèches, à ses corps-à-corps avec le Bien et le Mal, à ses démêlées avec les Parques, à sa dépendance à Thanatos, qui écrit le mot fin, parce que tout ça, c'est du cinéma, c'est le cinéma des dieux de l'Odyssée, maîtres du monde, de ses souffrances et de ses amours. Eros, toujours de noir et de blanc, parce que la colorisation ne peut rien contre le contraste qui est l'âme même de la rencontre entre le connu et l'inconnu, entre Aïon et Chronos, entre le champs et le hors-champs, entre le possible et l'inéluctable. Le noir et blanc, c'est la géométrie du désir. 

C'est Albert Kirchner, dit Lear, qui filmera la première scénette érotique de l'histoire du cinéma en 1896, tandis que Méliès osera davantage dès l'année suivante... 

Le coucher de la mariée ( Lear -1896) : https://youtu.be/SOi2NwJDv9c 

Après le bal (Méliès-1897) : https://youtu.be/c0g9TG0J5fQ

Nul ne reprochera à Louise Willy (la mariée) ni à Jehann d'Alcy (l'actrice fétiche de Méliès qui deviendra tardivement sa femme) d'être les lointaines ancêtres de Sharon Stone, ni de ne pas avoir profité du scenario de Basic Instinct

 

Louise Willy (1873-1913)

Louise Willy (1873-1913)

Tag(s) : #Cinéma, #Philosophie
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